Entre Baiona et Viana do Castelo il n'y a qu'une 30aine de milles (1mille = 1,852km, donc un peu moins de 60km), et pourtant sur cette journée de navigation nous passons de l'Espagne au Portugal !! Et ça change vraiment !!! La langue, la culture, les paysages.... alors c'est parti, on vous raconte ça :)
Une découverte du Portugal plutôt musclée :
Malgré le vent plus que variable, nous décidons de quitter Baiona le lundi 6 septembre (2021) à l'aube (8h30 ^^). Contrairement à nos habitudes, mais avec un vent trop faible qui joue au va et vient toute la journée, c'est grâce à PéperKins (notre moteur maintenant irréprochable) que nous parcourons la moitié du chemin vers le Portugal ! Sur le trajet, un petit appel au port pour prévenir que nous arriverons dans la soirée, nous apprend aussi que nous avons une heure supplémentaire pour être accueilli par le personnel de la marina, avant la fin de leur journée !! La prochaine fois on se renseignera avant^^
Accueillis au port par un portugais pure souche (avec la bigode (moustache) ) qui ne parle pas un mot d'anglais, d'espagnol ou de français nous sommes vite lancé dans le grand bain !!
Viana do Castelo est une petite ville tout à fait charmante ! L'architecture notamment nous saute aux yeux, c'est réellement très différent de l'Espagne. Ici, les vieilles bâtisses sont mises en valeur, des panneaux explicatifs racontent la culture locale, les traditions, l'origine des bâtiments, etc., et surtout les rues sont toutes pavées de petits pavés blancs !! Fini le règne du béton ! Si le paysage est un peu plus plat qu'en Espagne, nous montons tout de même sur le point culminant de la ville qui abrite une jolie basilique, et je ne sais pas combien de marches il y avait mais nous avons eu mal aux jambes !! Et quelle déception à notre arrivée là-haut, un gros nuage accroché dans les hauteurs nous refroidit autant qu'il nous cache la vue...tant pis nous redescendons dans la jolie ville !
La météo étant très capricieuse, nous choisissons de repartir le mercredi, il y a de la pluie et du vent de prévu, mais au moins nous avancerons à la voile ! Deux heure avant la marée basse, nous quittons le port et commençons à remonter la rivière qui mène à la mer....sauf que devant l'entrée de la rivière la mer est....déchaînée !! Une houle impressionnante arrive du large et gonfle, gonfle, gonfle jusqu'à s'écraser sur les digues qui bordent la sortie. Trop impressionnés par cette mer nous préférons faire demi-tour que de s'y engager. Mais l'aventure ne s'arrête pas là pour autant ! Nous arrivons dans le port 1h après notre départ, sauf que pendant ce temps là, la mer descend toujours...et nous nous envasons en plein milieu du port, sur une bute de vase. La quille de Farsadennec est donc enfoncé d'un dizaine de centimètres dans cette vase. Le bateau flotte toujours mais nous n'avançons plus...il n'y a plus qu'à patienter 2h que la marée remonte ! Comme quoi, ce n'est pas parce qu'on a 12m de marnage (différence de hauteur d'eau entre la basse-mer et la pleine-mer) à Paimpol qu'il faut négliger les 2m de marnage du Portugal....
Le lendemain, nous retentons notre chance ! Il pleut toujours et le vent souffle juste un peu moins qu'hier, mais cette fois-ci nous partons avec la marée montante, c'est à dire le courant dans le même sens que le vent, la mer devrait être moins forte ! Nous sortons avec brio de la rivière et Farsadennec s'élance de toute ses forces, au près (avec le vent de face) vers le sud....enfin vers l'ouest....., le vent monte, nous prenons un ris (nous diminuons la voile), un grain, nous sommes trempés...on a un peu l'impression d'être en Bretagne... ! Soudain, c'est la pétole (plus de vent) ...nous attendons un peu puis nous renvoyons de la toile. Je profite du calme pour aller me changer, Florian est à la barre et il me crie de revenir ! Le vent a tourné plein ouest et est remonté en force d'un coup !! Nous avons trop de toile déployée !! Je m'attache et file sur le pont pour affaler la grand-voile en vitesse !
Bref, après 3h de navigation, nous n'avons avancé que d'un mille dans la bonne direction, nous sommes trempés, le vent et la mer ne veulent pas de nous aujourd'hui non plus. Nous rentrons une nouvelle fois à Viana do Castelo avec humilité et humidité !
Heureusement, nous passons les 3 jours qui suivent en très bonne compagnie à Viana do Castelo puisque nous y avons retrouvé Marion et Alexis sur Myse ! Au programme : apéro, resto, jeux de sociétés et bonne humeur !! Tout cela nous redonne le sourire pour patienter en surveillant les prévisions météo. Le maître mot de cette entrée portugaise est: Patience !
Le plein de nouveaux bato-copains :
Le Portugal offre très peu d'abris naturels permettant de mouiller tranquillement. C'est donc au port que Farsadennec passe la majorité de ses nuits. Moins agréable pour le porte monnaie, les ports offrent tout de même l'avantage de faciliter les rencontres sur les pontons !!
En effet, cette étape du voyage est pour nous une fabuleuse suite de rencontres de bato-copains !!
Après avoir retrouvé Myse à Viana do Castelo, c'est Erwann et Dominique que nous retrouvons à Povoà de Varzim !!:) Ils ont décidé de rester quelques temps ici pour travailler et faire quelques petites amélioration sur l'Escapade. C'est un grand plaisir de les retrouver et de partager quelques belles soirées avec eux avant de repartir !!
C'est à Povoà de Varzim que nous rencontrons également Klorane et Gérard sur l'Albatros, un couple de retraités très dynamiques ainsi que Marie et Martin, un couple de français vivant en Nouvelle-Zélande et leurs enfants Zoé et Abel sur Tohora. C'est avec tout ce petit monde que nous faisons les prochaines navigations et escales portugaises :) Toujours dernier de l'escadre, Farsadennec prend son mal en patience, sort le spi et se fait attendre sur les pontons du port suivant. Mais surtout nous arrivons toujours à point nommé pour l'apéro chez les voisins qui ont plus d'espace dans leurs grands bateaux ;)
C'est top de pouvoir échanger ensemble sur les conditions météo, les trucs et astuces des entrées de ports difficiles ou au contraires à privilégier, les petits coins à ne pas manquer, et surtout d'avoir une petite bande de copains avec qui partager des apéros aux débats enflammés, des histoires de vie, des anecdotes rigolotes, bref des petits moments d'humanité :)
Plus tard, à Cascais, nous croisons la route de Zig-Zag, une autre famille qui voyage sur un voilier en aluminium. Puis nous sommes invités à bord de Aranui par Maud et Geoffrey pendant que Louis, leur fils, dort à point fermé avec le chat, pour une soirée mémorable, la première d'une longue série ;). C'est aussi à Cascais que nous avons l'immense joie de retrouver Yupanqui sur lequel navigue Elise, Caleb, Margot, Léon et Otis. Ils représentent une partie de notre petite famille de ponton qui s'était créée à Paimpol pendant ce long hiver pluvieux où nous rêvions tous de partir ! <3 Les retrouver ici, après tout ce que nous avons vécu respectivement pour faire ce bout de chemin est un moment intense en émotions !!
Nos escales et visites portugaises :
Viana do Castello : Une ville vraiment chaleureuse et jolie ! Malgré nos péripéties de navigations elle marque nos esprits de manière très positive, c'est là que nous sommes tombés amoureux du Portugal au premier regard ;)
Povoà de Varzim : Un port qui manque de charme mais très intéressant pour faire des rencontres !
Porto : Puisque les conditions météo ne nous permettaient pas d'y aller à la voile, c'est en métro que nous nous rendons dans cette ville chargée d'histoire ! Nous sommes immédiatement séduits par son centre historique aux petites ruelles étroites qui longent le Douro et ses maisons colorées. La visite des caves où vieillit le porto et la séance de dégustation qui l'accompagne nous ravient les papilles et embrument un peu nos sens en plein milieu de l'après-midi :D . Notre journée s'achève dans un petit restaurant comme les portugais(es) en ont le secret, qui ne paye pas de mine, mais où les recettes simples, préparées par une grand-mère aux fourneaux, nous émerveillent !
Aveiro : Nous entendons parler de cette « Venise portugaise » depuis longtemps, nous ne manquons donc pas l'occasion de la visiter. Mais nous sommes un peu déçus par cette ville touristique avec quelques petits canaux. Dessus flottent d'anciennes embarcations traditionnelles très colorées mais dénaturées par la présence d'un gros hors-bord. Chacun des responsables de ces embarcations nous interpelle à chaque coins de rivière pour nous proposer une sortie à un prix exorbitant...bref, nous repartons déçus.
Nazaré : Nous adorons tout de suite cette ville ! Son port a déjà l'avantage d'être un des seuls où l'on peut arriver facilement de nuit et où l'on n'a pas à craindre la houle à l'entrée ! Nous y visitons le musée du surf, situé sur la pointe rocheuse derrière laquelle se cache la « Praia do Norte » sur laquelle se regroupent les surfeurs les plus fous. En hiver, cette plage est le théâtre d'une course aux plus hautes vagues surfées (le record : 27m de haut!!). C'est la configuration particulière des fonds marins qui permettent ces exploits sportifs et ces beautés vertigineuses de la nature. Nazaré est aussi un lieu qui fait perdurer ses traditions. Le long de la plage du centre ville (moins exposées aux vagues et au vent) de nombreuses grands-mères en costumes traditionnels vendent du poisson et des mollusques séchés en plein air. Cela semble être tout un art ! Et le costume n'est pas un atout pour la vente aux touristes, chaque grand-mère croisée dans la rue porte fièrement son costume! Bref, ce village à tout pour nous plaire !
Péniche : Nous nous arrêtons juste le temps d'une soirée. Mais la petite promenade nous donne envie de revenir à l'occasion.
Cascais : C'est la ville devant laquelle nous restons au mouillage une bonne dizaine de jours en attendant la fenêtre météo qui nous portera jusqu'à Madère ! La ville est mignonne mais c'est le Saint-tropez portugais, l'argent n'y est pas un problème pour la plupart de ses visiteurs... L'avantage pour nous, c'est que nous pouvons rester au mouillage aussi longtemps que nous le voulons sans se sentir contraints par les tarifs de ports. En plus Lisbonne, capitale portugaise, n'est qu'à 30min de métro ! Ici, nous en profitons même pour faire réparer notre GV (Grand-Voile) qui a subi quelques déchirures dans le vent capricieux du Portugal. Et nous nous ravitaillons en vue des 5 jours de navigations qui nous attendent dans l'Atlantique !!
Lisbonne : Grâce au métro, nous y passons une demie-journée en compagnie d'Elise, Caleb et les enfants (et le chien bien sûr!). Cette ville semble dynamique et regorge de quartiers tous différents, mais nous n'y restons pas assez longtemps pour nous faire une idée précise de la vie ici. Nous avons besoin de nature et nous décidons de ne pas accorder plus de temps à Lisbonne. Peut-être reviendrons-nous un jour ?!
Sintra : Cette commune aux milles palaces, sur les hauteurs, entourées de parcs et de forêt nous subjugue ! Arrivés sur place grâce au bus, nous déambulons dans ce parc naturel avec plaisir, en regardant de loin les différentes forteresses, et châteaux de contes de fées. Ils sont tous plus éblouissants les uns que les autres mais l'entrée étant fort payante pour chacun d'entre eux, nous n'en visitons qu'un : le plus vieux !
Nos étonnements, coups de cœurs, déceptions au Portugal :
La première particularité du Portugal que nous remarquons est LA HOULE ! En effet, le plateau continental est vite suivi par le plateau océanique lorsqu'on s'éloigne de quelques milles de la côte. Les fonds très profonds sont donc relativement proches de la côte et remontent très rapidement. Les masses d'eau venant du large se retrouvent donc comprimées dans un plus petit espace en s'approchant du bord. C'est ce qui provoque cette houle si remarquable et désagréable à l'approche des ports !
Heureusement, arrivés à terre ce souvenir impressionnant et franchement désagréable s'estompe vite grâce à la gentillesse et l'accueil sincère et chaleureux des portugais(es) ! Pour moi qui vient d'une région où la culture est franchement présente (ou vraiment importante?!), cela m'a fait chaud au cœur de voir ce peuple portugais mettre en valeur ses traditions, ses savoir-faire ancestraux, ses bâtiments anciens, ses costumes et ses coutumes. Pour nous, simples touristes du 21e siècle, ces traditions sont un moyen de mieux comprendre les lieux que nous visitons et ses habitants. C'est aussi un moyen d'entrer en communication et d'échanger sur nos valeurs communes, nos visions du monde proches et lointaines à la fois, nos évolutions plus ou moins similaires au gré des ressources locales !
Portugal et se ressent aujourd'hui à travers le poisson séché que l'on trouve à vendre au coin de la rue aussi bien que sur les étals de supermarchés, et les nombreux « temples de la sardine en boite » que l'on trouve dans chaque ville ! Étonnamment pourtant, les côtes portugaises ne sont pas envahies de bateaux de pêche et d'usines de transformation du poisson comme nous avions pu le voir en Espagne.
Les vieux bâtiments biens entretenus et les rues pavées, souvent décorées par des motifs dessinés par des pavés noirs et blancs, nous font également ressentir l'importance que les portugais doivent accorder à leurs lieux de vie. Une des différence notoire avec l'Espagne est d'ailleurs la propreté des rues et de nos lieux de ballades sur lesquels on trouve très peu de déchets !
Je crois finalement que notre seul regret au Portugal aura été en lien avec notre mode de transport. En effet, en voilier, le grand plaisir reste celui de dénicher de jolis petits mouillages sauvages et biens abrités. Malheureusement, nous avons dû passer la majeure partie de ce bout de voyage dans les ports ! Mais nous nous rattraperons plus tard :) !!
Il faut aussi remarquer que c'est dans les eaux portugaises que nous avons effectué des navigations tellement stressantes!!
En effet, depuis 2020, les orques ibériques qui peuplent ces régions ont développé un nouveau comportement à l'égard des voiliers... Parfois (régulièrement même) les orques viennent au contact des navires et.....les poussent de derrière, sur la gauche, puis à droite....et finissent même par casser les safrans (cette pelle qui est dans l'eau et sert à diriger le bateau...)! Attaque volontaire, vengence ou simple jeu? Ces comportements interrogent les scientifiques et font naîtrent de nouvelles légendes chez les marins!! Toujours est-il que nous ne faisions pas les malins pendant nos navigations....surtout lorsqu'arrivés dans certains ports nous croisions des bateaux qui avaient dû se faire remorquer pour rentrer après leur rencontre avec ces imposants mamifères marins!!
Pour conclure ce joli chapitre :
Au Portugal, nos papilles ont adoré le goût du vinho verde (un superbe vin blanc du nord du Portugal, léger et pétillant!), celui des croquettes de morue croquantes et du porto si licoreux !
Au détour des rues, nos narines se souviendront longtemps de l'odeur si présente de la sardine grillée dans les barbecues de quartiers.
En contact avec les portugais, nos oreilles étonnées par cette nouvelle langue et semblant inaccessible, se sont ouvertes petit à petit pour laisser sa mélodie nous enchanter. Au fil de nos déambulations citadines, la musique nous a vite donné envie de nous déhancher faces aux musiciens des rues.
La sensation des petits pavés sous nos semelles a fait le plus grand bien à nos pieds, au gré des ruelles que nous visitions. Dans l'annexe fatiguée et percée, notre peau n'a pas gardé un bon souvenir de la sensation de fraîcheur de l'eau.
Nos yeux enfin, nous ont permis de remarquer tous ces sourires sur les visages de ces gens humbles et simples mais qui semblent si heureux et fiers de leur pays !
Nous partons maintenant, traverser un bout d'océan, mais nous sommes heureux de savoir que la terre qui nous attend sera également portugaise ! Madère nous voilà !!
Et pour découvrir ce périple en vidéo, c'est par ici :
Très agréable ce voyage par procuration et qui nous permet d’être un peu avec vous
Gros bisous