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Yuna

Farsadennec au plus Sud des Canaries



Septembre - Octobre 2022


Carte de situation des îles de La Gomera et El Hierro dans l'archipel canarien


 
La Gomera, paradis du mouillage

Nous avons choisi cette belle journée du 28 Août pour parcourir la quarantaine de milles nautiques qui sépare La Palma de La Gomera. Avec 10- 15 nœuds de Nord-Est nous naviguons tranquillement toute la journée, cap au Sud-Est. A l'approche de l'île de La Gomera en fin de journée, le vent fraichit légèrement, nous prenons deux ris dans la grand-voile et réduisions notre génois. Puis, nous admirons le coucher de soleil qui embrase la mer sur notre tribord. Nous arrivons au mouillage de Valle Gran Rey un peu avant 22h, la nuit est déjà tombée. Il faut être prudent, une épave se cache au milieu de la zone de mouillage et tous les bateaux ancrés ici n'ont pas forcément allumé leurs feux, indiquant leur présence.





Notre premier réveil le lendemain dans cette baie nous laisse sans voix ! Les alentours sont sauvages et sublimes ! Flo effectue tout de même une petite plongée de vérification pour voir comment nous sommes ancrés. Bien lui en prend, car, de nuit, nous n'avions pas vu une toute petite bouée, ammarrée à une aussière et signalant l 'épave. Mais à marrée haute, cette petite bouée est sous l'eau ! Nous en sommes trop près, nous nous déplaçons quelques mètres plus loin, et c'est parti, nous n'avons plus qu'à profiter de la vie au mouillage !!


Carte de nos aventures sur La Gomera


 

La vie au mouillage


La vie au mouillage s'avère être plutôt agréable surtout après tant de temps passé dans les ports. On en profite pour se baigner beaucoup, d'autant qu'il fait très chaud. On rencontre les voisins, Roxanne, O2, Mahina... et on bavarde autour d'un apéro, sur le port de pêche ou depuis l'annexe. Les parties de pêche au harpon s'organisent ainsi que les barbecues qui vont avec. Au moins une fois par jour, nous essayons d'aller à terre nous dégourdir les jambes. Courses, lessive, yoga sur la plage, petit café sur le port et bocadillo, toutes les excuses sont bonnes pour prendre notre kayak et ramer de toutes nos forces jusqu'au port situé à un peu moins d'un kilomètre de notre ancre. Comme ça, on se dégourdit également les bras !! Et puis de temps en temps, on organise une vraie randonnée pour crapahuter toute la journée en altitude. Du bord de plage, c'est aussi l'occasion de voir les raies qui vivent juste ici, ainsi que dans le port et toute la baie. Je prends mon courage et serre fort la main de Floflo pour mettre un masque, un tuba et la tête sous l'eau ! Wouaw, on observe trois types de raies à Valle Gran Rey (qui signifie litterallement « La vallée des grands rois », que nous surnommerons La vallée des grandes raies:) ) :


  • la raie papillon (épineuse?) s'enfouie quelques centimetres sous le sable et ne laisse dépasser que ses grands yeux, c'est amusant (1),

  • la pastenague africaine (2), qui s'amusera à passer juste un mètre sous Yuna qui, effrayée, piquera un sprint de crowl jusqu'à la plage !!

  • la pastenague épineuse (3)



Au mouillage, la vie se passe au ralenti. C'est aussi l'occasion de nous lancer dans divers projets que nous n'avons pas pris le temps de faire avant. Par exemple, coudre des moustiquaires en prévision de notre périple en Afrique puis en Amérique du Sud. Nous récupérons également une caisse entière de bananes trop mûres dans la petite Finca Ecologica (ferme bio) où nous faisons nos courses. Flo se lance donc dans la confection de confiture de bananes et Yuna fait sècher les peaux pour les utiliser plus tard en tisane :) miam, c'est de la haute gastronomie sur Farsadennec !

En parlant de gastronomie, La Gomera est spécialisée dans la production de « miel de palmier ». A Alojera notamment, la sève de palmier est récoltée selon un procédé bien spécifique, puis cuite toute une journée dans de grands chaudrons jusqu'à caraméliser. A napper sur votre fromage frais c'est trop bon !



... mais la vie au mouillage ça n'est pas que simple !


 

Les galères du mouillage :

Tout d'abord nous avons une mission GAZ ! Et oui, depuis Gran Canaria, notre grande bouteille de gaz de 13kg est vide. Normalement, dans ces îles, il est facile de faire remplir les bouteilles directement à l'usine (on ne peut pas les échanger puisque les systèmes espagnols sont différents). Mais à Gran Canaria, Tenerife et La Palma, nous nous sommes fait refuser le remplissage de notre bouteille qui, pour être remplie selon la loi d'ici, doit être agée de moins de 10 ans.... (la nôtre date de 1973....!!). Mais, à La Gomera, les responsables de l'usine semblent moins regardants, ce qui nous arrange. Donc nous voilà tant bien que mal en train de caler notre bouteille vide entre nous deux dans le kayak puis de la débarquer au port où nous avons loué une voiture afin de rallier la capitale San Sebastian, où se trouve l'usine Disa. Puis, au retour, après un fructueux remplissage, nous n'avons plus qu'à réinstaller cette bouteille pleine, et beaucoup plus lourde dans le kayak sous les commentaires amusés des canariens du coin. Et bien ce ne fut pas facile du tout ! Mais on l'a fait !!


Ensuite, au mouillage, nous sommes tributaires de la météo. Chaque matin nous vérifions donc les conditions pour les jours à venir : vent (force et direction) et houle. D'ailleurs la houle est un sacré sujet de préoccupation. Durant la journée, le vent souffle et permet de maintenir le bateau face à la légère houle qui rentre dans le mouillage. Mais la nuit, le vent tombe lui aussi et notre cher Farsadennec se balade tranquillement autour de son ancre. Oui sauf que travers à la houle, le mouillage devient vite inconfortable. Le bateau roule de gauche à droite et nous avons du mal à trouver un sommeil réparateur... ! C'est là que nous regrettons de ne pas avoir emporter avec nous notre toute petite ancre de 5kg. Heureusement, nous en trouvons une d'occasion sur l'île, timing parfait ! Nous l'utiliserons sur les conseils des bateaux-copains-voisins en l'installant à l'arrière de Farsadennec, le forçant ainsi à rester face à la houle. A nous les bonnes nuits ! Par contre, si le vent se lève, il faut remonter rapidement l'ancre arrière pour laisser le navire s'orienter face au vent, de travers il risquerait de chasser (la prise au vent latérale ferait décrocher l'ancre principale).


Après deux semaines dans ce beau mouillage, nous partons pour une petite navigation rejoindre nos amis de Mojito dans une autre baie un peu plus au sud de l'île. La navigation est top, vent et courant avec nous, nous filons à vive allure. Nous nous retrouvons tous les quatre devant le village de Santiago, mais dès le lendemain matin, nous devons quitter les lieux pour la baie suivante. La houle s'est levée et le mouillage est désagréable, voire dangereux. Nous nous installons donc à Chinguarime, un petit coin de paradis complètement sauvage.


Le destin est parfois surprenant, c'est ici, au milieu des cailloux volaniques quelque part dans l'Atlantique, qu'une blonde en kayak vient toquer à la coque de Farsadennec. Quelle surprise de retrouver des collègues de fac ! Nous passerons donc une chouette soirée ensemble à bord du bateau qu'ils sont venus essayer pour un éventuel achat. Malheureusement, à l'heure de repartir, nos pagaies, que nous avions stupidement laissées dans le kayak, ont disparues.... sans doute tombées à la mer. On se sent bêtes, heureusement les amis nous en prêtent une paire pour rejoindre Farsadennec. On leur rendra le lendemain, et nous n'auront plus qu'à aller en acheter des nouvelles …

Ahhh l'aventure !

Ici, nous faisons également la rencontre de Wakamaya avec à son bord Lucile, Andrès et leur petit bout de chou. Encore l'occasion de parties de pêches, de barbecue sur la plage et d'échanges philosophiques en franco-espagnol :)



Vient le temps de retourner à Valle Gran Rey, les provisions viennent à nous manquer. Mais nous n'y resterons pas longtemps, un avis d'ouragan est annoncé, les risques de son passage probable augmentent d'heure en heure... Nous n'hésitons pas longtemps, ni une, ni deux la balade à terre est écourtée, le bateau est rangé et prêt à naviguer ! Nous repartons direction San Sebastian nous planquer au port. L'arrivée à la nuit tombée est sportive, ici juste avant le port, le vent accélère le long de la côte, et notre petit moteur a du mal à lutter face au vent ! Finalement, nous passerons 3 jours au port aux cotés de Mojito et Mahina. Il pleuvra des trombes d'eau mais pas une goutte de vent ! Mais mieux vaut prévenir que guérir, telle est notre devise.




Nous repartons ensuite pour retrouver la vie de mouillage. Une escale de 24h à Chinguarime à mi-chemin, puis nous retrouvons Valle Gran Rey où nous passons quelques jours avant la bonne fenêtre météo pour descendre sur El Hierro.



 
El Hierro, dernier saut avant l'Afrique !



Lundi 3 octobre 2022, 4h du matin. C'est les yeux encore embués de sommeil que nous levons l'ancre, bien avant le lever du soleil. Notre objectif est d'arriver à El Hierro avant 15h. C'est au plus fort de l'après-midi qu'un vent très fort souffle des falaises sur l'océan qui borde la face Est de l'île. Nous avons eu de nombreux retours sur des navigations autour d'El Hierro et comme toujours, la prudence l'emporte. Nous choisissons une journée calme, et un départ de bonne heure pour parer au mieux tous ces vents ! La navigation se passe à merveille, et bien que le vent fraichisse un peu avant notre arrivée, il reste largement navigable. Seul hic, au moment d'affaler les voiles et de mettre le moteur pour rentrer dans le petit port de La Restinga, impossible d'enrouler notre génois (grande voile d'avant), la drosse d'enrouleur a surpatté (emmêlée sur elle-même). Nous effectuons donc une jolie manœuvre d'affalage du génois qui se retrouve en un tas informe sur le pont de Farsadennec.


Carte de nos aventures sur El Hierro



Le petit port de La Restinga est vraiment charmant. Ici, l'océan est une réserve naturelle, qui rend les eaux très poissonneuses. L'économie y est naturellement tournée vers la plongée. De nombreux zodiac partent matin et après-midi avec à leur bord des touristes en combinaison de plongée et bouteilles. Les autre bateaux que l'on trouve sur l'unique ponton du port sont les petites barques des pêcheurs locaux. Seuls autorisés à pêcher par ici. Leurs méthodes de pêche n'ont d'ailleurs rien à voir avec ce que l'on observe par chez nous. Un homme seul à bord de son embarcation part pêcher à la ligne les poissons des profondeurs, ou au harpon qu'il manie depuis le bord pour attraper des poissons de surface ! La pêche est réservée à ces professionnels qui semblent faire corps avec leur environnement. Seuls deux bateaux semblent un peu plus gros que les autres, mais sont comparables aux « petits » bateaux de pêche pro que nous avons en Bretagne.


Et puisque le deuxième ponton à été emporté lors d'une tempête, les plaisanciers que nous sommes sont relégués contre la digue. Cependant, au vu du vent et des mouvements dans le port, l'ammarrage y est risqué... Nous découvrirons plus tard que la seule manière de préserver son voilier en s'ammarrant là est d'utiliser une ancre positionnée sur le coté pour écarter le bateau du quai. Mais pour l'heure, nous préparons surtout notre sortie d'eau. Un an après les réparations du safran à Gijon nous voulons vérifier que tout vas bien et faire un petit nettoyage de la carène avant de se lancer dans le grand bain.



 

La déception :


Malheureusement, à la sortie d'eau, nous observons une nouvelle fissure, dans la même zone : jointure du talon de safran et de la coque. C'est le début d'une longue suite de sautes d'humeurs : tristesse, colère, déception, espoir, acceptation....


Tout d'abord, la question se pose de savoir s'il y a un soudeur sur cette île minuscule ou si nous allons devoir remonter à Tenerife, La Palma ou Gran Canaria. Heureusement, avec l'aide de notre nouveau voisin de chantier, un allemand hyper dynamique qui vit ici depuis longtemps, nous obtenons deux numéros de téléphone de deux soudeurs présents sur cette île ! Les soudeurs n'ont pas l'air inquiets, ils ont l'air compétents et sont disponibles dans la semaine pour faire les réparations ! Parfait ! Lorsqu'ils ressoudent la zone, ils nous confirment que le soudeur de Gijon à fait un travail de cochon. Mais eux-même passent bien plus de temps que prévu sur la soudure...Notre aluminium est fatigué dans cette partie de la coque. Pendant toute une semaine, c'est bricolage, peinture, nettoyage à bord. Puis nous remettons à l'eau notre joli bateau en priant pour que tout se passe bien. Malheureusement, la réparation n'est pas suffisante et nous prenons à nouveau l'eau. Oh bien sûr ce ne sont pas des litres, seulement un léger goutte à goutte. Mais cela confirme que la zone est beaucoup trop fragilisée. Il va falloir envisager des travaux plus importants. Mais où les ferons-nous ? Est-il possible de naviguer encore pour déplacer Farsadennec dans un chantier plus important ? Pour le savoir, rien ne vaut une petite sortie en mer au près. Nous allons donc passer quelques jours dans le port de La Estaca à quelques milles plus au Nord. Rien ne semble s'empirer. Ok, nous pourrons donc naviguer jusqu'au futur lieu de réparations de notre coque de noix en alu ! Nous retournons donc à La Restinga, où nous laisserons le bateau à sec, le temps de réfléchir à une solution.



 

Les amis, c'est la vie :

Outre ces difficultés, notre passage à El Hierro s'avère socialement riche. Ici, nous vivons des moments innoubliables de solidarités, d'amitiés, de partages, bref d'humanité.

C'est toute une communauté qui s'est installée sur le chantier, de nombreux bateaux se retrouvent ici pour un dernier carénage, une réparation de dernière minute, ou un simple check, comme une pause, , une grande inspiration avant le grand saut qui les fera quitter l'Union européenne et descendre encore plus sud vert l'Afrique et le Cap-Vert, d'où ils traverseront l'Atlantique vers les Amériques. L'ambiance y est étonnante et agréable. Chacun est détendu, joyeux et donne l'impression de vouloir profiter de chaque instant dans ce cadre famillial avant de repartir pour l'inconnu. Tout le monde s'entraide, les outils transitent d'un voilier à l'autre, les enfants s'auto-gèrent sur le chantier où ils vont et viennent à trottinette, les apéros et barbecues s'organisent le soir où chacun amène sa spécialité. C'est la dolce vita et nous retrouvons plein de copains de plus ou moins longue date tels que Yupanqui avec qui nous avons vécu tout un hiver au port de Paimpol ou Kanjawou rencontrées quelques mois plus tôt à La Palma :) d'autres sont de nouvelles chouettes rencontres ephémères : Andala, Créa, Malorine, Salamanza, Amanzy, AcidRain, Thaï...

Ce qui est étonnant ici, c'est que deux mondes se rencontrent. Quelques groupes de voyageurs en vans sont sur l'île et nous partageons de nombreuses soirées mélangeant voyageurs des mers et voyageurs des routes. C'est agréable d'élargir notre vision du voyage à leur côtés :) !

Bien que la majorité des équipages soient français, nous nous lions spécifiquement d'amitié avec 4 jeunes de notre âge. Alex, loup de mer solitaire, navigue sur Acid'Rain, un grand deux mâts en acier et bât pavillon anglais. Le comble ? Il est cuisinier ! A bord d'Amanzy, c'est une toute autre atmosphère. Sur ce bateau de taille simillaire au notre (quoiqu'un peu moins large) s'entassent Nick, passager en provenance des Etats-Unis, Chiara, co-propriétaire espagnole du voilier et Jay, capitaine du bord ayant grandi en Afrique du Sud. Ce joyeux mélange nous donne chaud au cœur !

Et comme toujours, nous sommes soutenus dans nos baisses de moral successives par notre équipage préféré : Anne et Xavier de Mojito ! Organisés, efficaces et plein d'humour, ils nous guident dans nos recherches de solutions et se creusent la tête pour nous changer les idées ! Avec eux, nous ne sommes pas prêts de nous ennuyer !! Ils offrent même à Florian (tout ça ce n'est définitivement pas pour Yuna!) un vol en parapente depuis les hauteurs d'El Hierro pour atterrir dans un village au centre d'un vieux cratère de volcan ! De quoi mettre en suspension tous les tracas du monde !!




Alors c'est décidé, nous laisserons Farsadennec ici pour l'hiver. Nous descendons sur Mojito en tant qu'équipiers pour aller voir le Cap-Vert et nous rentrerons travailler en France dans une station de ski. Les quelques mois à venir devraient nous permettre de mettre un peu d'argent de coté et d'établir un plan pour s'occuper définitivement de la coque de Farsadennec !




Alors, l'aventure continue !





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